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Élections Américaines 2024 : Répercussions sur le Pacifique

L’élection de Donald Trump en 2024 pourrait renforcer l’approche isolationniste des États-Unis, permettant à la Chine d’accroître son influence dans le Pacifique. Cette dynamique affecterait les relations économiques et environnementales de la région, notamment en Nouvelle-Calédonie.

En effet, l’élection présidentielle américaine du 5 novembre 2024 a vu Donald Trump remporter un second mandat non consécutif, battant la vice-présidente sortante, Kamala Harris.

Cette victoire marque un retour notable, faisant de lui le 47e président des États-Unis.

Élections américaines 2016, 2020 et 2024

Cette élection a été caractérisée par une campagne intense et des enjeux majeurs, reflétant les profondes divisions au sein de la société américaine. Il est indéniable que l’on observe un tournant significatif par rapport aux scrutins de 2016 et 2020. En 2016, Trump avait remporté le Collège électoral tout en perdant le vote populaire face à Hillary Clinton. Quatre ans plus tard, Joe Biden avait inversé cette tendance en remportant à la fois le vote populaire et le Collège électoral. En 2024, Trump a non seulement reconquis le Collège électoral, mais a également remporté le vote populaire, consolidant ainsi son mandat.

En effet, en 2016, Donald Trump avait remporté l’élection avec 304 grands électeurs contre 227 pour Hillary Clinton, malgré une défaite au vote populaire, où Clinton avait obtenu environ 2,9 millions de voix de plus. L’élection présidentielle suivante, Joe Biden avait remporté à la fois le vote populaire et le Collège électoral, obtenant 306 grands électeurs contre 232 pour Trump. En 2024, Donald Trump a remporté 301 grands électeurs contre 226 pour Kamala Harris, tout en remportant également le vote populaire, inversant ainsi la tendance observée en 2016.

Elections américaines 2016, 2020 et 2024

En 2016, Trump avait remporté des États pivots tels que la Pennsylvanie, le Michigan et le Wisconsin. En 2024, il a consolidé sa position en remportant également des États comme la Géorgie et la Caroline du Nord, renforçant ainsi sa majorité au Collège électoral.

Ces évolutions témoignent d’un paysage politique américain en mutation, où les stratégies de campagne et les préoccupations des électeurs ont joué un rôle crucial dans les résultats des élections présidentielles récentes.

Ces fluctuations électorales reflètent des changements profonds dans la politique intérieure et extérieure des États-Unis, avec des implications potentielles pour la région du Pacifique. Les politiques de l’administration Trump, connues pour leur approche “America First“, pourraient influencer les relations diplomatiques, économiques et environnementales avec les nations du Pacifique, y compris la Nouvelle-Calédonie. Ces évolutions électorales incitent à observer de près les impacts potentiels sur cette région stratégique.

Influence sur la région du Pacifique

Sous les mandats de Trump, les États-Unis ont parfois affiché une posture plus isolationniste, ce qui a permis à d’autres puissances, notamment la Chine, de renforcer leur influence dans la région Asie-Pacifique. La Chine étant l’un des plus gros acheteurs de nickel, un métal dont la Nouvelle-Calédonie est l’un des principaux producteurs mondiaux, tout changement dans les relations commerciales entre les États-Unis et la Chine pourrait indirectement influencer l’économie calédonienne.

Un article sur la Nouvelle-Calédonie face à la crise du nickel devrait vous plaire.

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Environnement et changement climatique

En matière d’environnement, la politique climatique de Trump a suscité de vives controverses, notamment en raison du retrait des États-Unis de l’Accord de Paris en 2017. Cette décision a affaibli les efforts mondiaux de lutte contre le réchauffement climatique, affectant particulièrement les régions vulnérables comme la Nouvelle-Calédonie.

Les îles du Pacifique, y compris la Nouvelle-Calédonie, sont confrontées à des défis majeurs liés au changement climatique, tels que l’élévation du niveau de la mer, l’érosion côtière et l’intensification des phénomènes météorologiques extrêmes. Une politique américaine moins engagée en matière de climat pourrait compromettre les initiatives internationales visant à atténuer ces impacts, augmentant ainsi les risques pour ces territoires insulaires.

Face aux menaces croissantes liées au changement climatique, la Nouvelle-Calédonie a pris des mesures ambitieuses en déclarant l’urgence climatique et environnementale en septembre 2024. Cette déclaration s’accompagne d’une stratégie d’adaptation visant à renforcer la résilience du territoire face aux impacts du réchauffement mondial, notamment l’élévation du niveau de la mer et l’intensification des événements climatiques extrêmes.


Un communiqué de presse a été publié le 9 novembre 2024

« D’après le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), les îles du Pacifique sont en première ligne face au réchauffement climatique mondial. Augmentation des températures, élévation du niveau de la mer, accentuation de la fréquence et de l’intensité des évènements climatiques extrêmes. Face à ces prévisions alarmantes et déjà visibles, plusieurs initiatives ont été lancées dans le Pacifique pour répondre aux enjeux des impacts climatiques. Le Vanuatu et la Nouvelle Zélande ont déjà déclaré l’urgence climatique tandis que la Polynésie française a mis en place son plan climat 2030. Fidji a intégré 160 mesures d’adaptation dans son plan nation d’adaptation (NAP). »

Le Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie

Partenariats militaires et diplomatiques

Les alliances multilatérales et bilatérales des États-Unis dans la région indo-pacifique jouent un rôle crucial dans la stratégie visant à contenir l’influence croissante de la Chine.

AUKUS (2021)

AUKUS est l’acronyme formé des noms des trois pays signataires de cet accord de coopération militaire : l’Australie (AU), le Royaume-Uni (UK) et les États-Unis (US). Annoncé le 15 septembre 2021, cet accord vise à renforcer la sécurité et la stabilité dans la région indo-pacifique, notamment en réponse à l’expansionnisme chinois.

L’une des principales initiatives de l’AUKUS est de fournir à l’Australie des sous-marins à propulsion nucléaire, permettant ainsi à la marine australienne de disposer de capacités avancées pour patrouiller et sécuriser les eaux de la région. En plus de la coopération sur les sous-marins, l’accord englobe des domaines tels que la cyberdéfense, l’intelligence artificielle et d’autres technologies de pointe.

Cet accord a eu des répercussions diplomatiques significatives, notamment avec la France, qui avait un contrat antérieur avec l’Australie pour la fourniture de sous-marins conventionnels. L’annulation de ce contrat au profit de l’AUKUS a entraîné des tensions entre les pays concernés.

QUAD (2007)

Le Quad, ou Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, est une initiative diplomatique informelle réunissant quatre démocraties majeures de la région indo-pacifique : les États-Unis, le Japon, l’Inde et l’Australie. Établi en 2007, le Quad vise à promouvoir une région libre, ouverte et inclusive, en mettant l’accent sur la coopération en matière de sécurité, d’économie et de santé.

Bien que le Quad ne soit pas une alliance militaire formelle, il est souvent perçu comme une réponse stratégique à l’influence croissante de la Chine dans la région. Les membres du Quad collaborent sur des questions telles que la sécurité maritime, les infrastructures, les technologies émergentes et la résilience des chaînes d’approvisionnement.

Les sommets réguliers du Quad permettent aux dirigeants des quatre nations de discuter des défis régionaux et mondiaux, renforçant ainsi leur engagement envers un ordre international fondé sur des règles. Par exemple, lors du sommet de mai 2023 à Hiroshima, les leaders ont réaffirmé leur engagement envers la stabilité et la prospérité de l’Indo-Pacifique.

Accords bilatéraux

Les États-Unis ont également des accords de défense avec plusieurs pays de la région, notamment les Philippines (1951), la Corée du Sud (1953) et le Japon (1960). Ces accords renforcent l’influence américaine dans le sud-est asiatique et en Corée.

L’objectif principal de ces alliances est de contenir l’influence de la Chine. La carte montre que les principales alliances sont orientées vers la Chine, marquée en gris foncé, ce qui suggère une stratégie de containment. Les États-Unis, ainsi que leurs alliés régionaux et internationaux, cherchent à limiter l’expansion chinoise, tant sur le plan militaire qu’économique.

Les territoires américains dans le Pacifique, tels que Hawaï et Guam, servent de bases militaires avancées pour projeter la puissance américaine dans la région. Ces positions permettent aux États-Unis de surveiller les mouvements dans le Pacifique et de maintenir une présence militaire significative.

La région indo-pacifique est le théâtre d’une compétition stratégique intense entre les États-Unis et la Chine, chacune cherchant à étendre son influence politique, économique et militaire.

Routes maritimes stratégiques

Les principales voies maritimes, notamment le détroit de Malacca, le golfe du Bengale et la mer de Chine méridionale, sont cruciales pour le commerce mondial et l’approvisionnement énergétique, en particulier pour la Chine. La « route de la soie maritime » représente l’initiative chinoise visant à sécuriser ses voies commerciales et à établir des ports et infrastructures à travers l’océan Indien jusqu’en Europe. Cette stratégie, souvent appelée « stratégie du collier de perles », permet à la Chine de renforcer son influence dans la région.

Présence militaire

Les États-Unis disposent de bases militaires en Asie et dans le Pacifique, notamment au Japon, en Corée du Sud, à Guam et à Diego Garcia. Ces installations permettent aux États-Unis de projeter leur puissance militaire et de surveiller les activités chinoises dans la région. La Chine, quant à elle, a établi des installations militaires le long de la « chaîne de perles », un réseau de ports et de bases militaires en Asie du Sud et dans l’océan Indien, tels que Gwadar au Pakistan et Djibouti. Cette présence offre à la Chine une plus grande capacité de surveillance et de projection de puissance dans la région.

Zones contestées

La mer de Chine méridionale est une région où les tensions sont fortes. La Chine revendique une grande partie de cette mer, où elle a construit des îles artificielles et installé des infrastructures militaires, suscitant des conflits avec d’autres pays riverains tels que le Vietnam, les Philippines et la Malaisie, ainsi que l’inquiétude des États-Unis. Cette zone est stratégique pour la Chine, non seulement pour ses ressources en hydrocarbures, mais aussi pour sa position géographique qui contrôle l’accès aux routes maritimes. En 2016, la Cour permanente d’arbitrage de La Haye a rejeté les revendications chinoises, mais Pékin a refusé de reconnaître cette décision, intensifiant ainsi les tensions régionales.

Influence économique et diplomatique

La Chine utilise des initiatives économiques, telles que la Nouvelle Route de la Soie, pour renforcer ses liens avec les pays de l’ASEAN, augmentant ainsi son influence régionale. Les États-Unis, quant à eux, cherchent à consolider des alliances et des partenariats pour contrer cette expansion et maintenir un équilibre des pouvoirs favorable à leurs intérêts.

Conclusion

La réélection de Donald Trump en 2024 marque un tournant potentiel pour la région du Pacifique. Son approche “America First” pourrait redéfinir les relations diplomatiques et économiques, notamment avec des territoires comme la Nouvelle-Calédonie. Les politiques environnementales de son administration risquent d’influencer les efforts mondiaux de lutte contre le changement climatique, impactant directement les îles du Pacifique. Face à ces évolutions, il est impératif que les nations de la région restent vigilantes aux orientations politiques des États-Unis et adaptent leurs stratégies pour préserver leurs intérêts et leur environnement.

Pour approfondir votre compréhension de la géopolitique stratégique de la zone Pacifique, je vous recommande la vidéo suivante :

03:47 Pacifique : centre géopolitique du monde
04:23 La zone Indo-Pacifique : épicentre économique et commercial
07:08 Pacifique : Chine VS Etats-Unis

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